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Protection des abeilles – au cœur de la ruche avec Stéphanie Vuadens, apicultrice

Interpellée par le déclin des abeilles et l’alerte lancée par l’agence des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, je suis partie à la rencontre de Stéphanie Vuadens, seule apicultrice professionnelle – au féminin comme au masculin,  sur le canton de Genève. Une femme au parcours riche et à la transmission inscrite dans ses gènes, ayant opéré une reconversion totale d’un grand groupe pharmaceutique vers le métier d’apicultrice. J’ai voulu en savoir plus sur le rôle essentiel des abeilles dans la préservation de la biodiversité et comment nous pouvions agir pour les protéger. Plongée au coeur de la ruche…

Pourquoi les abeilles jouent-elles un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité ?

Les abeilles pollinisent à hauteur de 80% les fleurs qui produiront ensuite des fruits et des légumes. Selon les chercheurs, les abeilles interviennent dans quatre grands domaines de notre agriculture : au niveau de l’agriculture fruitière, des grandes cultures oléagineuses et protéagineuses, du maraichage, ainsi qu’au niveau de la production des semences.
Sans elles, notre production, et notre consommation de fruits et légumes se réduirait donc … comme peau de chagrin. Mais pas seulement. Car les abeilles (notamment sauvages) pollinisent aussi de nombreuses plantes sauvages qui sont autant de nourriture et d’espaces de vie pour de nombreux animaux. Les abeilles jouent donc un rôle essentiel dans le maintien de la variété naturelle de tout l’écosystème.
En butinant les fleurs, les abeilles jouent un rôle fondamental dans le transport des gamètes mâles (le pollen) sur les gamètes femelles des fleurs (le pistil). C’est ce qu’on appelle la pollinisation. Le nectar et le pollen se colle à leurs pattes et abdomen poilus, sans même qu’elles en soient conscientes. Se faisant, elles vont « sexuer » la fleur et activer ainsi la reproduction végétale qui va permettre la production des fruits et légumes.

Or, aujourd’hui, la surmortalité des abeilles – partout en Europe –  due aux effets combinés du changement climatique, de l’agriculture intensive et de l’usage des pesticides inquiète de plus en plus les chercheurs. Le Canton de Genève enregistre lui aussi depuis 30 ans une baisse très importante de sa population d’abeilles essentielles à tout l’écosystème.

Devant un tel constat, Stéphanie Vuadens s’est donnée comme objectif de réintroduire 1000 colonies d’abeilles sur le Canton.

De cadre dans un grand groupe pharmaceutique à … unique apicultrice professionnelle du Canton : l’histoire de Stéphanie.

Cela fait 8 ans que Stéphanie s’est reconvertie en apicultrice, des années rythmées par la saisonnalité de la production de miel, de mi/fin-février à mi-octobre pour les 750 ruches que compte sa fondation Arche des abeilles.

Tout commença par un essaim tombé dans son jardin. Ayant peur des abeilles, Stéphanie contacte un professionnel pour s’en débarrasser. On le retire, mais – avertit le professionnel – « si les abeilles ont choisi cet emplacement, elle reviendront ». Il n’en faut pas plus pour susciter l’intérêt de Stéphanie. Elle décide alors de suivre la formation d’apicultrice, et raconte : « Lors des formations, on apprend à travailler avec des gants, quelle erreur ! On ne sent pas les abeilles, on ne sait pas si elles nous piquent, et donc on ne les entend pas, on ne les respecte pas à leur juste valeur : des êtres vivants, capables de s’exprimer. La première chose que j’ai faite en sortant de ma formation, c’est d’enlever les gants et d’aller à mains nues au contact des abeilles. Et cela a littéralement tout changé ! »

Interrogée sur les trois gestes essentiels d’une apicultrice, elle nous répond : « La douceur, la passion, et oublier le temps. Se détacher de toute notion de rentabilité, et vivre simplement le moment présent. »

S’occuper de colonies d’abeilles va de pair avec récolter le miel produit par les abeilles. Le miel étant la nourriture principale des abeilles, Stéphanie ne recueille que le surplus pour sa production Les miels de StéphanieL’occasion d’interroger l’experte sur les différentes qualités de miel que l’on trouve sur le marché.

Comment choisir un bon miel et s’assurer de sa qualité ?

En Suisse, 80% de la consommation de miel provient de miels importés, issus de mélanges (de différentes régions, pays, voir différentes années). Cela signifie que ces miels sont chauffés pour retrouver une consistance lisse et brillante. Des miels qui n’ont plus rien de plus « vivants » et qui ont perdu quasiment toutes leurs qualités nutritionnelles.

« Si l’on prenait toutes et tous le temps de déguster un miel comme on déguste un vin, alors on ferait très rapidement la différence «  souligne Stéphanie.

Mais comment choisir un miel de qualité ?
·      La première chose à faire est de regarder l’origine et le nom du producteur, tous deux mentionnés sur l’étiquette. Une seule origine, la plus locale possible, c’est cela le gage de qualité.
·      Ensuite, savoir qu’il y a également différents miels en fonction des différentes récoltes. Selon la saison et les fleurs que les abeilles auront pollinisées, les saveurs, textures et goûts varient. Ainsi, un miel de printemps est souvent très sucré et avec une robe blanche. Un miel estival est quant à lui plus onctueux et doré. En automne, on sera sur un miel plus fort en goût et de couleur plus cuivrée.
·      Enfin, privilégier des miels qui comportent des labels. Par exemple pour la suisse, les labels Le Bourgeon, ou le label d’or d’apisuisse.

Comment agir pour la protection les abeilles  ? L’importance du parrainage.

« Si les gens partagent volontiers l’avis que notre métier est magnifique, les apiculteurs locaux, ces « micro productions » ont besoin d’aide financière. » Dans la grande majorité des cas, élever des ruches est un hobby, un passe-temps. Trop peu rentable, trop dépendant d’une saisonnalité capricieuse, et très éprouvant.

« J’ai mis six ans avant d’arrêter d’emprunter de l’argent » nous confie Stéphanie. « Si l’on respecte le cycle des abeilles, et donc de la production, de facto l’activité est moins rentable. Il faut donc trouver des solutions, et le parrainage en fait partie. »
À ce jour, 300 colonies d’abeilles sont soutenues, à hauteur de 1’000 CHF par ruche et par parrainage. Un montant qui permet de voir naitre une nouvelle ruche, soit près de 40’000 abeilles qui polliniseront de nouvelles fleurs.
Stéphanie s’occupe de tout, aux parrains et marraines de déguster ensuite le miel produit grâce à leur financement. La première année, 50 pots de 125 g leur sont offerts, le double la seconde année. Les parrains et marraines ont également la possibilité de choisir l’emplacement de leur ruche et de visiter le rucher une fois par an et de partager ainsi en live la passion de Stéphanie.

Depuis 2021, le Colibry oeuvre pour la protection des abeilles et soutient les Miels de Stéphanie et a ainsi la chance d’avoir sa propre ruche au sein de la colonie ! La fierté d’un engagement local, pour le Canton, et de manière plus large pour l’avenir de la biodiversité …. et de la production maraichère ! Un petit geste, mais un grand geste pour la planète.

Infos protection des abeilles & parrainage : mielsdestephanie.ch

Rencontrer Stéphanie Vuadens, c’est aussi comprendre à quel point la passion seule peut mener à bien des projets où  vie personnelle et professionnelle sont intimement liées.
Merci à Stéphanie et à toute son équipe pour le temps consacré.

© Colibry – Stéphanie Ravillon
Credits photos : Fondation Les miels de Stéphanie et Stéphanie Ravillon

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